Plaidoyers pour plus d'Erasmus + lors de la cérémonie anniversaire du programme

Par - Le 12 janvier 2017.

Quelles perspectives passé le cap des 30 ans ?

Le début 2017 a été marqué par le lancement des célébrations du 30ème anniversaire d'Erasmus +.
Les médias grands publics, journaux et télés ont amplement relayé cette actualité, et rappelé la très grande popularité du programme européen. Le quotidien Le Monde a ainsi réalisé un supplément spécial de 8 pages, en partenariat avec l'Agence Erasmus + France.

Le 9 janvier, celle-ci organisait le coup d'envoi des festivités au théâtre de l'Odéon ; les intervenants, bénéficiaires et responsables politiques français et européens, ont échangé dans une ambiance chaleureuse, devant une salle conquise par l'enthousiasme et l'énergie qui se dégageaient des témoignages.

Ces interventions ont décliné les nombreux bénéfices du programme. Elles ont également offert l'occasion de croiser des regards prospectifs sur les évolutions possibles, souhaitables, voire rêvées du programme Erasmus plus.

Quels investissements pour la mobilité européenne dans l'éducation et la formation ?

Sandro Gozi, secrétaire d'Etat italien en charge des affaires européennes, s'est ainsi laissé aller avec le sourire à imaginer un budget Erasmus + multiplié par dix !

Plus sérieusement, il a été rappelé que les sommes consacrées au programme pour toute l'Union européenne pouvaient finalement apparaître modestes, au regard des enjeux qu'il représente.
Si la programmation 2014-2020 affichait une augmentation globale de 40 % du budget par rapport à l'exercice précédent, et une hausse de 84 % des crédits affectés à la France - plus 1,2 milliard d'euros -, elle n'en demeure pas moins correspondre à une enveloppe qui comporte ses limites.

La part des jeunes européens qui bénéficient aujourd'hui de la possibilité de découvrir un autre pays s'élève à 7 %. L'agence Erasmus + France rappelle aussi que la demande reste en moyenne deux fois plus forte que l'offre ; en 2016, seules 61 % des demandes de financement des projets de mobilité et de partenariat, tous secteurs confondus, ont ainsi pu être satisfaites.

Le Secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, Harlem Désir, a jugé la programmation 2014-2020 « insuffisante » avec 17 milliards d'euros, sur un budget européen total de 1 000 milliards d'euros.
Pour Pierre Moscovici, Commissaire européen aux affaires économiques, le problème tient d'une part à la faiblesse du budget européen, et d'autre part à sa structure de dépenses : avec un budget équivalent à seulement 1 % du PIB des Etats membres, 40 % des dépenses affectées à l'agriculture, et 40 % vers des fonds structurels « dont l'efficacité est discutable », il reste « trop peu pour le capital humain et la recherche ».

L'idée d'un droit à la mobilité pour chaque jeune européen demeure donc en l'état une perspective fort lointaine et décalée quant aux capacités réelles et au fonctionnement du programme actuel.

Vers un Erasmus + « Pro » ?

Les ambitions à court et moyen termes se concentreront sur la diversification des profils des bénéficiaires au-delà du cœur de cible actuel, à savoir les étudiants de l'enseignement supérieur.
Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l'Education nationale, a ainsi souhaité que le programme soit « davantage encore ouvert aux apprentis et aux élèves de l'enseignement professionnel ».

Le programme vise à l'horizon 2020 un rééquilibrage au profit des jeunes en enseignement et formation professionnels, avec l'objectif qu'au moins 6 % des 18-34 ans de la filière « pro » partent à l'étranger.
Ces perspectives rejoignent celles dessinées par Laure Coudret-Laut, directrice de l'agence Erasmus + France : davantage de bourses de mobilité aux apprentis, aux élèves des lycées professionnels, aux demandeurs d'emploi, aux étudiants les moins aisés ou aux personnes en situation de handicap.

En se projetant vers la prochaine décennie, Pierre Moscovici imagine une troisième génération du programme qui devienne « un Erasmus Pro ».

D'ici là, de nombreuses étapes jalonneront les évolutions du programme dans sa structure actuelle, avant de préfigurer celui qui lui succédera en 2021.
Sylvie Guillaume, vice-présidente du parlement européen, évoque une possibilité que le budget du programme Erasmus + 2014-2020 soit abondé de 200 millions d'euros, option qui demeure actuellement en discussion.

La configuration future du programme Erasmus + parvenu à pleine maturité va se jouer durant les quatre années à venir.

Pour aller plus loin :

Source : Centre Inffo, Département Régions-Europe-International, 12 janvier 2017